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Lima est cruellement grise, un brouillard permanent (la garrua)
rabattant une pollution qui repeint tout en gris fonce.
Notre départ pour Huaraz dans un bus de luxe nous a permis
de mesurer l'étendue de cette ville et la laideur de ces
interminables banlieues construites en dur mais jamais finies,
hérissées de fers à béton, desservies
par des rues défoncées...
Il nous a fallu deux heures pour sortir de la ville, engorgée
il faut le dire par des encombrements qui classent Marseille au
rang de ville modèle pour la circulation!
Si le voyage en bus de la Cruz del Sur ressemble à un voyage
en avion (repas à bord, toilettes, télé(!),
clim...) c'est un peu frustrant de ne jamais s'arrêter (et
quand je dis jamais, c'est jamais!)
Mais la Cruz del Sur fonce et redescend vers Huaraz où
nous croisons dans les rues les dernières indiennes en
tenue traditionnelle quand leurs filles arpentent les rues juchées
sur leurs sandales à tres haut talon cachées sous
leurs "pattes d'éleph".
Ce matin, le soleil brille franchement, et après un nuit
de repos, nous nous sentons d'attaque pour la mise en oeuvre de
nos projets.
Dès demain, nous ferons une petite balade jusqu'à
la Laguna Churup histoire de marcher en altitude.
Apres une remontee de la Quebrada Cojup facile mais longue, nous nous sommes réveillés dans une nature figée dans le givre. Le ciel gris n'incite pas à sortir de la couette. Ce deuxieme jour nous permet de prendre de l'altitude (4500m) pour poser le camp au bord d'un lac au pied du col que nous visons. Deux heures de marche et le tour est joué. Le gresil puis la neige nous cantonnent sous les tentes (nous sommes 5: nous 2, notre nouvel ami belge Guy et deux porteurs). Quelques sorties pour manger et pisser un coup et la nuit vient avec le martèlement du gresil sur le toit. Je ne deteste pas et le sommeil vient malgré les heures de repos déjà prises. Réveil à 5 heures pour convenir de reporter le lever à une heure plus raisonnable vu le temps. Finalement, départ à 8 heures après un déjeuner et un rangement de camp humide et frais.
La chaleur ne nous gène pas pour grimper
jusqu'au col qui nous permettra de changer de vallée, mais
qui impose de chausser les chaussures de haute montagne pour prendre
pied sur le glacier de l'Ishinca, à 5000m. Le temps s'est
dégagé et nous décidons d'aller au sommet
tout proche du Nevado Ishinca (5530m).
Le sommet est atteint sans trop de mal, avec un peu de récupération
tous les quinze ou vingt pas. Aucun d'entre nous n'a de véritables
symptomes du mal d'altitude et nous descendons sur son autre versant
pour retrouver un sentier sur une moraine.
Il nous faudra environ une heure et demie de descente pour atteindre le fond de la Quebrada Ishinca où se situe un refuge et un espace où campent les purs (dont nous). Cette journée a été très éprouvante et nos porteurs ont été super, attentifs et prêts à se charger encore plus quand on manifestait de la lassitude.
Nous voici donc poses dans un coin
qui serait pas mal, sauf qu'il est très frequenté,
mais pas sale, au pied de l'imposant Tocclaraju, qui sera l'objet
de notre prochaine sortie. Pour l'heure, on se repose, se restaure
dans un vent glacial, et préparons pour le lendemain l'ascension
du Nevado Urus (5495m, c'est à dire 1000m au dessus de
nos têtes)
Lever vers 6h et depart pour l'Urus, 2/3 de moraine,1/3 de neige,
sans charge. Le tout est rapidement ficelé et en début
d'après midi, nous décidons de commencer la descente
vers la civilisation.
Notre porteur Antonio nous écarte du chemin fréquenté
et nous fait découvrir un lieu de bivouac super: de l'herbe,
une source, du bois pour faire un grand feu, un paradis.
Dernier reveil avant le retour à Huaraz et descente a travers champs vers Collon et la mauvaise piste où nous attend le taxi.