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Nous sommes partis Lundi en taxi pour la vallée de l'Ichinca. A Collon, un cheval a pris sur son dos nos bagages et ceux de Antonio, notre porteur.
Le soir, nous avons atteint le camp de base, où nous avions
déjà séjourné la semaine précédente
pour l'ascension de l'Urus. Malgré une altitude modeste,
ce fond de vallée est glacial et après un repas
et un mate de coca avalés blottis au fond d'une grotte,
nous rejoignons nos duvets vers 18h30.
Mardi, lever tranquille pour une montee assez brève mais
raide au camp 1, situé à environ 5000m, dans un
creux neigeux au pied d'une falaise. Nous projetions de bivouaquer
plus haut pour nous faciliter l'ascension du lendemain, mais le
mauvais temps nous ramène à la solution classique.
Eau chaude, plats lyophylisés, soupe et dès la nuit(18h),
aux abris sous la tente. Antonio nous a bien soulagés pour
monter ici. Il est fébrile car demain nous l'amenons au
sommet. C'est la première fois qu'il atteindra les 6000m
et c'est intéressant pour son désir de devenir aspirant
guide. Un gros grésil bombarde la tente et nous nous posons
des questions: en cas de mauvais temps, redescendrons-nous ou
resterons-nous un jour de plus sous la tente...
En fait, à 3h du matin, le ciel est dégagé.
On part vers 4h, ainsi que trois autres équipes. Apres
une heure de progression, les premiers, qui ont fait la trace
dans la neige fraiche, semblent buter sur une difficulté
sérieuse. Nous sommes immobilisés une heure et les
pieds de Jean Louis gèlent. Je lui passe des chaufferettes
et nous repartons. La difficulté était nulle et
l'équipe des Argentins qui etait devant est maudite pour
son extrême prudence (pieux à neige tous les 10 m
dès 45 degrés de pente...) . L'ascension se continue
à un rythme de plus en plus lent au fur à mesure
que l'altitude augmente. Le soleil se lève sur une arête
très belle, entrecoupée de crevasses et de ressauts
assez raides que nous gravissons sans problème (derrière
nous, les Argentins plantent encore des pieux). Arrivés
environ 100m sous le sommet, je sens le coup de pompe venir et
demande une pause conséquente (10mn). Eau sucrée,
barre céréales, et la bête repart.
Le sommet nous domine de 50m, défendu
par une grande crevasse, surmontée d'un raidillon à
50 degrés de 30m où il ne faut pas glisser, et après
une derniere arête, on se pose enfin sur le sommet du Tocclaraju,
à 6100m, satisfaits de ne pas avoir renoncé à
mettre un pied au dessus de l'autre pendant des heures où
l'oxygene a cruellement manqué. Antonio est radieux. Il
a dû en baver moins que nous. Ce sommet étant assez
isolé, nous dominons les montagnes environnantes et malheureusement
une mer de nuages côté amazonien attend la chaleur
pour monter nous envelopper.
Il faut songer à descendre. Nous avions prévu de désescalader les ressauts à l'aide de nos piolets. Un guide péruvien, Roger, venu là avec 2 allemands nous propose de poser rappel ou moulinette pour revenir au pied du ressaut terminal et la crevasse qui le defend. Il attache notre Antonio et le descend au bout de la corde, trop courte pour arriver au replat. Antonio se retrouve les ongles plantés dans la neige dure, en pleine pente à 50 degrés, à 5 mètres au dessus de la crevasse... Apres une autre manipulation foireuse, Jean Louis et moi prenons la direction des opérations, et après quelques manipulations, descendons les 2 allemands muets de peur et Antonio qui se promet d'apprendre à utiliser un rappel, avant de récuperer le matériel et de rejoindre tout le monde au pied de la difficulté, en ayant encore perdu presque une heure... La descente ordinaire peut commencer, helas dans le brouillard et le gresil, mais sans plus de collaborations calamiteuses... Le camp1 est vite défait et nous regagnons le camp de base glacial de la vallée de l'Ichinca. Après une nuit de repos, le cheval prend en charge nos sacs pour un retour à la civilisation et à la chaleur.
Episode suivant:
expedition franco-péruvienne au Pastoruri