PEROU 2001

En route pour l'Alpamayo

 

Le Tocclaraju (6100m)

 

Nous sommes partis Lundi en taxi pour la vallée de l'Ichinca. A Collon, un cheval a pris sur son dos nos bagages et ceux de Antonio, notre porteur.

Sur la photo de droite le Tocclaraju est dans les nuages; pour découvrir le Tocclaraju, cliquez ici


Le soir, nous avons atteint le camp de base, où nous avions déjà séjourné la semaine précédente pour l'ascension de l'Urus. Malgré une altitude modeste, ce fond de vallée est glacial et après un repas et un mate de coca avalés blottis au fond d'une grotte, nous rejoignons nos duvets vers 18h30.
Mardi, lever tranquille pour une montee assez brève mais raide au camp 1, situé à environ 5000m, dans un creux neigeux au pied d'une falaise. Nous projetions de bivouaquer plus haut pour nous faciliter l'ascension du lendemain, mais le mauvais temps nous ramène à la solution classique. Eau chaude, plats lyophylisés, soupe et dès la nuit(18h), aux abris sous la tente. Antonio nous a bien soulagés pour monter ici. Il est fébrile car demain nous l'amenons au sommet. C'est la première fois qu'il atteindra les 6000m et c'est intéressant pour son désir de devenir aspirant guide. Un gros grésil bombarde la tente et nous nous posons des questions: en cas de mauvais temps, redescendrons-nous ou resterons-nous un jour de plus sous la tente...
En fait, à 3h du matin, le ciel est dégagé. On part vers 4h, ainsi que trois autres équipes. Apres une heure de progression, les premiers, qui ont fait la trace dans la neige fraiche, semblent buter sur une difficulté sérieuse. Nous sommes immobilisés une heure et les pieds de Jean Louis gèlent. Je lui passe des chaufferettes et nous repartons. La difficulté était nulle et l'équipe des Argentins qui etait devant est maudite pour son extrême prudence (pieux à neige tous les 10 m dès 45 degrés de pente...) . L'ascension se continue à un rythme de plus en plus lent au fur à mesure que l'altitude augmente. Le soleil se lève sur une arête très belle, entrecoupée de crevasses et de ressauts assez raides que nous gravissons sans problème (derrière nous, les Argentins plantent encore des pieux). Arrivés environ 100m sous le sommet, je sens le coup de pompe venir et demande une pause conséquente (10mn). Eau sucrée, barre céréales, et la bête repart.

La pause; en contre-bas, l'Urus semble bien modeste...

Le sommet nous domine de 50m, défendu par une grande crevasse, surmontée d'un raidillon à 50 degrés de 30m où il ne faut pas glisser, et après une derniere arête, on se pose enfin sur le sommet du Tocclaraju, à 6100m, satisfaits de ne pas avoir renoncé à mettre un pied au dessus de l'autre pendant des heures où l'oxygene a cruellement manqué. Antonio est radieux. Il a dû en baver moins que nous. Ce sommet étant assez isolé, nous dominons les montagnes environnantes et malheureusement une mer de nuages côté amazonien attend la chaleur pour monter nous envelopper.

 

Il faut songer à descendre. Nous avions prévu de désescalader les ressauts à l'aide de nos piolets. Un guide péruvien, Roger, venu là avec 2 allemands nous propose de poser rappel ou moulinette pour revenir au pied du ressaut terminal et la crevasse qui le defend. Il attache notre Antonio et le descend au bout de la corde, trop courte pour arriver au replat. Antonio se retrouve les ongles plantés dans la neige dure, en pleine pente à 50 degrés, à 5 mètres au dessus de la crevasse... Apres une autre manipulation foireuse, Jean Louis et moi prenons la direction des opérations, et après quelques manipulations, descendons les 2 allemands muets de peur et Antonio qui se promet d'apprendre à utiliser un rappel, avant de récuperer le matériel et de rejoindre tout le monde au pied de la difficulté, en ayant encore perdu presque une heure... La descente ordinaire peut commencer, helas dans le brouillard et le gresil, mais sans plus de collaborations calamiteuses... Le camp1 est vite défait et nous regagnons le camp de base glacial de la vallée de l'Ichinca. Après une nuit de repos, le cheval prend en charge nos sacs pour un retour à la civilisation et à la chaleur.

 

Episode suivant: expedition franco-péruvienne au Pastoruri

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